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Entreprises et biodiversité, de quoi parle-t-on vraiment ?

Guillaume MICHEL

Si contribuer à la biodiversité par des actions positives est une chose, préserver le "capital" naturel de la planète en est une autre... Y'aurait-il un malentendu ?


A l'issu du deuxième Forum Biodiversité et Economie organisé par l'AFB, une question se pose forcément : les entreprises ont-elles pris la mesure des enjeux ? Et avant cela, avons-nous su expliquer ces enjeux ? Après 2 jours de forum et d'échanges riches et passionnants, il apparaît au final que rien n'est moins sûr. Il suffit, pour s'en convaincre, de constater que les politiques en faveur de la biodiversité sont encore très souvent pensées d'abord comme des projets sociétaux à impact positifs, développés parallèlement à l'activité de l'entreprise mais ne questionnant que peu l'impact de cette activité elle-même.


Les entreprises ont bien entendu un rôle majeur à jouer pour porter des projets en faveur de la biodiversité, en améliorant leurs pratiques, en formant leurs salariés, en mobilisant leur foncier comme support de biodiversité... Sur ce point, nombreux sont les acteurs prêts à s'engager, et il faut s'en réjouir. Mais l'enjeu dépasse de beaucoup ces actions qui demeurent malgré tout assez isolées (ce sont les entreprises elle-mêmes qui le disent). Nous pourrions résumer cet enjeu par cette phrase-couperet, entendue lors du forum :

"Il ne suffira pas de poser des ruches sur les toits des sièges sociaux ou de planter des tomates dans les jardins d'entreprise, si dans le même temps nos activités détruisent le vivant à travers le monde"

On comprend mieux en effet que les échelles de travail sont totalement différentes, et que les impacts positifs des projets "vitrines" ne pourront jamais compenser les impacts négatifs liés à l'activité de l'entreprise elle-même.


Faut-il accepter de parler de "capital" naturel ?


Il faut le marteler : la nature est la première ressource de tout projet, et ne pas regarder la cascade d’impacts qui contribue à la détruire revient, sans l'ombre d'un doute, à scier la branche sur laquelle on est assis. C'est aussi simple (et terrifiant) que cela. Certes, penser la biodiversité comme un des éléments du "capital naturel" pose problème à de nombreux acteurs, qui se refusent à donner une valeur à la nature. C'est un débat légitime et central que la société doit avoir. Mais nous devons aussi voir que la contradiction n'est pas nouvelle parce que nous parlons de "patrimoine naturel" depuis fort longtemps et que l'idée qui lui est associée est sensiblement la même : la nature est une ressource pour l'être humain, sur laquelle il a bâti l'intégralité de ses activités. Que ce patrimoine soit un bien commun n'enlève rien à cet état de fait : l'exploitation du vivant est à la base de notre société.


Dès lors, nous avons deux options : soit l'on change de modèle de société, soit l'on tente de faire évoluer le modèle actuel. Si l'on veut bien se positionner un temps sur le second plan, il apparaît que parler de capital naturel peut être utile. Cela nous permet d'améliorer notre capacité à produire des récits, pour une pédagogie plus active et plus efficiente, car il nous faut bien parler à tout le monde, même aux financiers (surtout aux financiers ?), si nous voulons voir émerger de vrais changements de paradigmes qui puissent être partagés.


Lors du forum, cette question a été posée par l'UICN dans le cadre de l'un des ateliers-lab : "comment mobiliser les dirigeants d'entreprise sur la question de la biodiversité ?". Avec notre regard de designers, nous ne pouvons apporter qu'une réponse à cela : en leur montrant que cela répond à leur intérêt propre, autrement dit : en démontrant qu'intégrer le sujet dans la vision stratégique du dirigeant lui permettra de gagner en performance. Et c'est le cas : si l'on veut bien raisonner sur le long terme, intégrer le capital naturel au même titre que le capital financier et que le capital humain est un levier d'innovation (pour trouver des alternatives), de pérennité (pour survivre aux crises à venir), et de résilience (pour se remettre de ces crises). Performance, innovation, pérennité... des mots-clés qui résonnent pour tout dirigeant éclairé.


Rendre visible l'équation insoluble


Aucun modèle économique ne peut tenir la distance si il contribue à détruire une ressource dont il a besoin par ailleurs, directement ou non. C'est une équation insoluble et cela devient prégnant à l'heure où la distance, justement, se raccourcit dangereusement. Pour Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat à l'écologie, nous sommes le Coyotte courant après Road-Runner et se retrouvant en suspension dans le vide du ravin un court instant, avant de tomber. Les entreprises d'aujourd'hui doivent savoir que nous sommes en suspension et qu'elles seront parmi les premières à tomber si elles refusent de se poser la question de leur résilience. On ne parle plus en centaines d'années, c'est fini : les dirigeants d'aujourd'hui sont ceux qui devront gérer les crises lorsqu'elles arriveront. Ils seront à la fois responsables de l'iceberg ET capitaine du Titanic.


A l'ouverture du forum, cette réflexion forte nous a été livrée : "la RSE dans sa version béta a échoué, il nous faut donc passer à la version 2.0". Mais à quoi pourrait bien ressembler une RSE 2.0 ? En réalité la réponse à cette question est évidente : il s'agit tout simplement d'intégrer la biodiversité et l'ensemble des ressources naturelles dans la stratégie de l'entreprise. Qui est partant pour l'aventure ?

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